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Vishten : pleins feux sur la musique de l’Acadie insulaire (Dominique Millette)

Décembre 2008 | Les membres du groupe acadien Vishten pratiquent bien au chaud dans leur maison de Cap-Egmont, qu’ils ont louée des propriétaires de la Maison de bouteilles. Le groupe a cessé de partir en tournées, le temps de créer : quatre mois.

Si ce n’est pas tout à fait le repos des guerriers, c’est un changement de rythme pour les champions régionaux de la musique traditionnelle de l’Île-du-Prince-Édouard et des Îles-de-la-Madeleine, qui sont plus souvent qu’autrement sur la route. Le groupe est en lice pour une gamme de prix. Avec cinq mi- ses en candidatures aux PEI Music Awards et deux mises en candidatures aux prix de l’Association de la musique de la Côte est, Vishten démontre amplement qu’il sait plaire aux initiés de l’industrie autant qu’au public.

À l’échelle de l’Atlantique, les mises en candidatures sont pour Enregistrement de l’année du groupe et enregistrement folklore/traditionnel de l’année. Au niveau provincial, le groupe est en lice à titre de Groupe de l’année, Artiste de l’année et Guerrier de fin semaine (Weekend Warrior) de l’année, puis pour Album de l’année et Enregistrement de groupe traditionnel de l’année.

Les ECMA seront décernés à Corner Brook, Terre-Neuve-et-Labrador, du 26 février au 1er mars 2009 et les PEI Music Awards à Charlottetown le 17 janvier.

Vishten n’en est pas à ses premiers honneurs. Son deuxième album, «11:11», a été déclaré Enregistrement francophone de l’année lors de la remise des prix de l’Association de la musique de la Côte est en 2008. Lors de l’édition 2001 de cet événement, le groupe avait remporté le prix de la Meilleure Vitrine musicale sous le nom de Celtitude. L’année suivante, Vishten était invité à participer au spectacle d’ouverture.

Le groupe compte quatre membres : Pastelle LeBlanc (accordéon, piano, danse et voix); Emmanuelle LeBlanc (bodhran, flageolet, danse et voix); Louis-Charles Vigneau (guitare, banjo, mandoline, voix) et Pascal Miousse (violon, mandoline, guitare et voix).

Deux des membres fondateurs sont les sœurs Emmanuelle et Pastelle LeBlanc, danseuses reconnues ainsi que musiciennes et interprètes. Elles viennent de la région Évangéline. Pascal et Louis-Charles sont les Madelinots, rencontrés à des festivals à Moncton et en Louisiane respectivement.

L’album qui a suscité tant d’intérêt a été enregistré sur place au théâtre The Mack à Charlottetown. «C’est vraiment toute notre énergie qu’on a mise là-dedans; ça fait qu’on est fier de cet album-là. C’est un produit mûri qui a beaucoup été joué en public», déclare Pastelle LeBlanc. «C’est comme notre bébé qui vient de naître. De savoir qu’il est apprécié par l’industrie de la musique, ça fait du bien», renchérit sa sœur Emmanuelle.

Vishten tire son nom d’une chanson composée par le père d’Angèle Arsenault, en une langue inventée, mélange de français, d’anglais et de Mi’kmaq. Ce rappel des racines et des influences multiples reflète l’amour de la recherche dont témoignent les membres du groupe. Pascal Miousse s’est engagé à documenter en détail les différentes façons de jouer le violon dans les Îles-de-la-Madeleine. Louis-Charles Vigneau a reçu l’aide de sa mère, chanteuse professionnelle de son côté, qui a dressé une liste descriptive de 500 chansons madelinotes pour le groupe. De son côté, raconte Emmanuelle LeBlanc, elle a choisi une pièce de la Louisiane tirée d’un enregistrement datant de 1935.

En trois semaines et demie, les membres de Vishten ont arrangé sept pièces musicales. Le prochain spectacle aura 20 numéros, dont plus de la moitié sera du nouveau matériel.

Le groupe se produit sur scène 150 fois par année, de l’Europe aux États-Unis et à l’Ouest canadien. Cette année, ils souhaitent confirmer des dates au printemps ou à l’été ici à l’Île. La tournée annuelle recommence à la mi-février, lorsque Vishten sera en Colombie-Britannique pendant quatre semaines. Il part ensuite pour l’Est canadien, suivi de trois semaines en France. Les mois d’avril et de mai sont les plus probables pour une tournée des Maritimes : deux dates sont prévues, soit le 25 et le 26 avril, pour le Charlotte Street Arts Centre à Frédéricton. Au mois de juillet, le groupe repart pour l’Ouest du pays.

«C’est vraiment une fierté d’être Acadien et de pouvoir emmener sa musique à l’extérieur, parce que c’est une culture qui n’est pas bien connue mais qui est tellement touchante. Quand on voyage à l’extérieur, on voit vraiment comment le monde apprécie notre accent, nos manières, explique Pastelle LeBlanc. Ils n’ont jamais vraiment entendu du monde parler comme ça. En France, ils ne connaissent pas l’Acadie : ils connaissent le Québec. On leur apprend qu’ils ont été chez nous en premier. C’est comme une découverte. On amène ça avec nous autres.»

Sa sœur ajoute : «Il faut être fier de parler français. Quand on est une minorité, c’est difficile d’être fier de sa langue, mais on a vraiment une culture spéciale… ça fait du bien de partir et de revenir aussi. Il y a une richesse dans la musique traditionnelle ici.»